Assainissement en résidence secondaire

Près de 5 millions de logements en France sont concernés par l’assainissement non collectif, c’est-à-dire l’épuration des eaux usées du logement sur place.

Il s’agit d’un enjeu de taille, d’autant que beaucoup de ces logements sont des résidences secondaires, situées à la campagne ou en périphérie des villes, dans l’incapacité d’être reliées au tout-à-l’égout.

Nous avons donc décidé de vous concocter un dossier sur l’assainissement en résidence secondaire.

Pourquoi l’assainissement est-il important ?

L’assainissement des eaux usées est en réalité un sujet important de santé publique, même si l’on en parle assez peu.

En effet, le rejet d’eaux usées non épurées dans le milieu naturel peut avoir de graves conséquences sur la faune et la flore, mais également sur les populations !

Par exemple, en octobre 2010, des casques bleus népalais sont envoyés par l’ONU en Haïti, et déversent leurs eaux usées, avec beaucoup de matières fécales, dans la rivière voisine.

Depuis, Haïti connaît une grave épidémie de Choléra, qui a fait plus de 10 000 morts et 800 000 malades !

Bien sûr, la pauvreté du pays et la précarité de l’accès aux soins ont joué leur rôle dans la propagation de la maladie, mais on envisage facilement les conséquences d’un assainissement en mauvais état, même en France !

Quelles sont les particularités de l’assainissement en résidence secondaire ?

L’assainissement en résidence secondaire ne connaît que peu de particularités, si ce n’est que les propriétaires sont souvent moins enclins à dépenser autant d’argent que pour leur résidence principale.

Malheureusement, même si une résidence secondaire n’est occupée que quelques mois par an, on ne peut pas faire l’impasse sur son assainissement.

D’ailleurs, le SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif), l’autorité locale chargée de faire respecter la réglementation de l’assainissement, se fiche bien de savoir si tel ou tel logement est une résidence secondaire !

Choisir son assainissement

Les installations d’assainissement sont divisées en deux grandes familles :

• Filières traditionnelles – Composées d’une fosse septique suivie d’un épandage, les filières traditionnelles sont le moyen classique d’assainissement.
• Filières agréées – Des dispositifs plus compacts et plus innovants, mais pas toujours adaptés à une utilisation en résidence secondaire

Les filières traditionnelles ont un inconvénient : elles prennent beaucoup de place. En effet, un épandage peut prendre plusieurs dizaines de mètres carrés d’espace.

Certaines personnes sont un peu hostiles à l’idée de défigurer le jardin de leur résidence de vacances.

C’est pourquoi les fabricants ont mis au point des dispositifs n’utilisant pas le pouvoir épuratoire du sol pour traiter les eaux usées : les filières agréées. Ces dispositifs sont beaucoup plus compacts et ont le vent en poupe ces dernières années.

Le meilleur dispositif d’assainissement en résidence secondaire

Les filières agréées regroupent en fait deux types de dispositifs, pour faire simple :

• Les micro-stations d’épuration
• Les filtres compacts

Micro-station d’épuration

Les micro-stations d’épuration sont tout bonnement interdites en résidence secondaire. La faute à une alimentation en oxygène nécessaire au fonctionnement du dispositif, qui ne peut être interrompue.

Une coupure électrique de longue durée tuerait donc les bactéries nécessaires à l’épuration des eaux, et la micro-station n’assurerait plus son travail correctement jusqu’à la reconstitution de la culture bactérienne.

Dans le domaine de l’assainissement, la micro-station n’est pas toutefois en reste. Elle est même considérée comme la solution idéale pour traiter les eaux usées des résidences principales, notamment pour sa grande compacité et son haut rendement épuratoire.

Filtre compact

Reste donc le filtre compact.

Un filtre compact est un dispositif constitué d’une fosse septique suivie d’un massif filtrant.

Contrairement à la micro-station d’épuration, il ne consomme pas d’électricité, mais a une emprise au sol légèrement supérieure.

Quoi qu’il en soit, il prend toujours entre 5 et 10 fois moins de place qu’un épandage classique !

Il supporte extrêmement bien les variations de charge et les périodes prolongées d’inoccupation, et demande peu voire pas du tout d’entretien.

C’est à notre sens le dispositif parfait à installer en résidence secondaire : les travaux peuvent être faits en quelques jours, raccordement et mise en service compris.

De plus, tout compris, son coût peut être inférieur à celui d’une filière traditionnelle !

Le filtre compact : une micro-station d’épuration biologique

L’objectif de cette filière d’assainissement est de nettoyer les eaux polluées, puis de les libérer une fois assainies. Ce procédé est intéressant dans le fait qu’il ne consomme aucune électricité lorsqu’il fonctionne.

En effet, le filtre compact n’utilise pas de compresseur d’air pour alimenter en oxygène les bactéries épuratrices pour que celles-ci puissent se développer.

L’oxygénation est assurée par un système de ventilation installé sur le filtre. On parle alors de filtration biologique.

En réalité, le filtre compact est composé de deux parties :

• La fosse toutes eaux : indispensable, cette cuve a pour rôle de recevoir l’ensemble des eaux usées domestiques. Elle prend également en charge le prétraitement, en piégeant les matières et les particules grossières dans l’eau.
• Le massif filtrant : installé après la fosse toutes eaux, ce dispositif va recueillir les eaux prétraitées via un processus gravitaire. Celles-ci sont ensuite réparties sur la surface d’un média filtrant au moyen d’un dispositif de distribution constituée d’une rampe d’alimentation, d’un auget basculant et de plaques de distribution.
  Son rôle est de filtrer et de retenir les éléments polluants restants jusqu’à leur dégradation par les bactéries épuratrices qui s’y développent.
  Après autorisation du SPANC, les eaux traitées peuvent être dispersées dans la nature sans danger.

Le dimensionnement de la filière

Le dimensionnement est un des éléments-clé qui déterminent le choix du modèle de micro-station à mettre en place. Plus précisément, il s’agit de définir la capacité de la fosse toutes-eaux, un des éléments qui constitue la filière. Cette opération est réalisée au moment de l’étude de la filière, c’est-à-dire avant l’achat du dispositif.

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les eaux usées provenant de lavabos, douches, WC, éviers, etc., doivent rester un certain temps dans votre dispositif d’assainissement pour être pré-traitées.

Il faut donc que le volume de la fosse toutes eaux soit suffisant pour contenir les liquides et les boues. Plus précisément, cela ne doit pas être inférieur à 3 m³ et sa hauteur de la cuve doit permettre qu’il y ait 1 mètre d’eau.

D’une manière générale, il vous faudra une fosse d’au moins 3 m³ pour assurer l’épuration des eaux d’une maison de 5 chambres. Au-delà, vous devez rajouter 1 m³ par pièce principale supplémentaire.

Selon les réglementations en vigueur, une pièce principale peut se définir comme un espace où il est possible de vivre (pièce de séjour ou de sommeil), y compris les bureaux, les salles de jeux, etc. La pièce doit également avoir une hauteur sous plafond d’au moins 2,5 m, une surface d’au moins 7 m² et une ouverture vers l’extérieur (fenêtre ou porte).

Le budget à prévoir pour l’installation d’un filtre compact

Le prix d’achat du dispositif dépend essentiellement de sa capacité. En général, cette filière vous coûtera entre 7 000 et 12 000 euros.

Attention toutefois, car certains fabricants n’incluent pas la livraison du filtre compact dans ce prix. Si c’est le cas, vous devez donc prévoir un coût supplémentaire pour son transport.

Pour installer ce dispositif d’assainissement, sachez que vous devez vous adresser au SPANC de votre commune. Ce service est mis en place pour assurer la conformité de votre projet d’assainissement.

Pour ce faire, les techniciens du SPANC vont réaliser deux contrôles. Le premier est réalisé avant le début des travaux, tandis que le second se fait avant le remblaiement de votre dispositif.

Le contrôle de conformité vous coûtera entre 50 et 350 euros,

Après avis favorable du SPANC, votre installateur pourra mettre en œuvre les travaux de terrassement, installer les systèmes de ventilation et les raccordements hydrauliques.

En ce qui concerne le contrôle du bon achèvement des travaux, prévoyez entre 70 et 135 euros.

Une fois que le SPANC valide votre installation, votre spécialiste pourra donc procéder à la mise en fouille du filtre compact.

Assurez-vous que les coûts d’installation de votre système d’assainissement soient généralement inclus dans le prix d’achat du matériel. Si ce n’est pas le cas, cette prestation peut encore vous coûter environ 2 000 euros.

Bon à savoir : Le saviez-vous ? Il existe actuellement certains filtres compacts qui intègrent la fosse toutes eaux et le massif filtrant dans une cuve unique, à savoir le modèle Seta simplex de Tricel. Ce dispositif est donc plus compact, mais son véritable avantage est qu’il vous fait économiser de l’argent. Le prix de la filière est en effet réduit, tout comme les dépenses liées à son transport et à sa mise en place.

Un filtre compact vous fait bénéficier du prêt à taux zéro

Ce point est important, car il peut encore réduire le budget dédié à l’assainissement de votre résidence secondaire.

Cette opportunité concerne tout particulièrement les travaux de réfection de votre dispositif, sous deux conditions :

• Le système mis en place ne consomme pas d’énergie, ce qui est bien le cas pour le filtre compact,
• Votre résidence a été construite avant le 1er janvier 1990.

Le montant du prêt à taux zéro peut aller jusqu’à 10 000 euros et il est remboursable sur une période de 3 à 15 ans.

Il peut couvrir :

• Les coûts liés à l’étude des travaux,
• La main-d’œuvre,
• Le prix d’achat du dispositif,
• La remise en état du terrain après les travaux d’assainissement.

Une fois que le prêt vous sera accordé, vous disposez de deux ans pour mettre en place votre système d’assainissement non collectif.

Sachez que ce type de prêt peut aussi être cumulé avec les aides de l’agence nationale de l’habitat (ANAH).

Comment entretenir votre filtre compact ?

Comme tout autre dispositif d’assainissement, le filtre compact doit aussi être entretenu si vous voulez qu’il dure dans le temps et fonctionner correctement.

Cette opération peut être divisée en 3 étapes.

1- La visite d’entretien annuelle

Bien que le contrôle annuel ne soit pas obligatoire, il est fortement recommandé. Elle permet de vérifier le bon fonctionnement de votre dispositif, mais aussi de prévenir les pannes.

Les différents éléments qui constituent la filière doivent ainsi être vérifiés lors de cette étape, à savoir :

• La fosse toute-eaux (pour vérifier la hauteur des boues),
• Les systèmes de ventilation (afin de s’assurer qu’ils ne soient pas obstrués),
• Le média filtrant : L’état du média joue grandement sur le bon fonctionnement de votre filtre compact en général.

Si certains éléments sont défectueux, ils doivent être réparés ou remplacés.

2- La vidange du filtre

Cela se fait généralement tous les 4 ans, mais cette fréquence peut varier en fonction de l’utilisation de l’appareil.

Comme nous l’avons précédemment mentionné, un filtre compact est constitué d’une fosse septique dans laquelle des boues vont se former au fil du temps. En réalité, ces boues doivent être extraites lorsque leur volume atteint 30 % de celui de la fosse.

3- Le recyclage du média filtrant

Le média utilisé pour épurer les eaux prétraitées est souvent d’origine naturelle. Certains fabricants peuvent par exemple utiliser de la Zéolithe, des coquilles de noisette, etc.

Ce média va se dégrader peu à peu et vous devez donc le remplacer en moyenne tous les 15 ans.

Il convient de noter que cette opération peut être onéreuse. Cependant, sachez qu’il existe d’autres type de média qui n’ont pas besoin d’être remplacé que partiellement. Il vous suffit dans ce cas de le recharger, ce qui est par exemple le cas de la fibre de coco.

Attention : Les opérations de vidange et de recyclage du média doivent être réalisées uniquement par des professionnels qualifiés et certifiés. Mais si vous le voulez, sachez qu’il existe des contrôles que vous pouvez effectuer vous-même.

Dans ce cas précis, nul besoin de faire appel à un professionnel. Tous les trois mois, vous pouvez faire des contrôles visuels afin de vérifier que les ventilations ne sont pas obstruées par des animaux ou des végétaux, ce qui pourrait nuire au bon fonctionnement du dispositif.

Cela vous permet également de vous assurer que le filtre ne dégage pas d’odeur ou de bruit particulier, auquel cas, vous devez rapidement vous rapprocher d’un spécialiste.

Autres conseils pour garder votre filtre compact le plus longtemps possible

Entretenir votre filtre compact est bien, mais ce n’est pas suffisant. En effet, certains produits que vous utilisez quotidiennement peuvent aussi mettre à mal votre filtre compact.

Rappelons que cette filière épure les eaux grâce à des bactéries présentes naturellement dans les eaux. Ainsi, il faut éviter d’utiliser des produits qui peuvent nuire à leur développement. Dans ce cas précis, le principe est donc d’éviter le dysfonctionnement de votre système grâce à quelques bonnes habitudes.

Parlons tout d’abord des liquides qu’il faut éviter. Dans cette catégorie, on retrouve les produits chimiques, l’essence, les dérivés du pétrole, l’alcool à brûler, les solvants, les colles, les aérosols, etc.

Les substances dangereuses pour l’environnement aquatique sont également à proscrire. Parmi celles-ci, on cite les pesticides, les désherbants, les solvants, les métaux lourds, etc.

Bien que votre filtre compact soit doté d’un pré-filtre pour retenir les huiles et les graisses, pensez à ne pas les jeter dans vos éviers. La raison est simple, elles réduisent l’apport en oxygène des microorganismes responsables de l’épuration des eaux… Et ce n’est pas tout ! Les graisses et les huiles peuvent également se solidifier dans vos canaux de raccordement, se solidifier et enfin boucher les tuyaux.

Les eaux claires ne doivent en aucun cas arriver dans votre système d’assainissement. Elles comprennent les eaux de pluie, les eaux de rivière ou les eaux de piscine. D’une manière générale, ces eaux n’ont pas besoin d’être traitées. De plus, si elles arrivent en grande quantité dans votre fosse toutes eaux, les effluents non épurés risquent de déborder et donc d’être rejetés dans le milieu naturel. Enfin, les eaux claires peuvent entraîner des boues dans votre fosse septique, ce qui augmentera sa fréquence de vidange.

Bien sûr, cette liste ne se veut pas exhaustive, car il existe encore d’autres éléments qui peuvent nuire au bon fonctionnement de votre filtre comme les matières biodégradables, les médicaments, les cires, les résines, la terre, etc.

Que faire si vous n’avez pas de terrain pour mettre en place un filtre compact ?

Comme nous l’avons déjà évoqué, cette filière est idéale pour assurer l’assainissement dans les résidences à terrain réduit. Mais il n’est pas rare que les propriétaires de ce type de logement ne disposent même pas d’un seul petit brin d’herbe à dédier à cet effet. Si c’est votre cas, voici alors quelques solutions qui vous aideront à vous conformer aux réglementations en vigueur.

La première option consiste à demander l’accord d’un voisin pour installer votre filtre compact directement sur son terrain. Bien entendu, cet accord est souvent difficile à obtenir, mais cela vaut la peine d’essayer.

Si vous constatez aussi que plusieurs habitations attenantes ne disposent pas d’une parcelle suffisante pour l’assainissement de leurs eaux usées, un regroupement est alors envisageable. Il s’agit de mettre en place un seul filtre compact d’une grande capacité pour régler le problème. Cette seconde solution est plus facile à réaliser et peut être avantageuse pour tous dans la mesure où elle permet de partager les coûts d’achat et de mise en place du filtre compact.

Si les deux premières solutions ne sont pas possibles, vous pouvez encore vous rapprocher de votre mairie pour demander une autorisation d’installer votre filtre compact sur une parcelle communale.

En cas de vente de votre résidence principale, quelles sont vos obligations ?

Besoin de céder votre maison de campagne ? Vous devez savoir qu’il existe un autre diagnostic immobilier qui s’ajoute à ceux déjà existants (amiante, plomb, termites, performance énergétique, etc.) : c’est ce qu’on appelle diagnostic assainissement. Vous devez impérativement réaliser cette opération et annexer le compte-rendu au compromis de vente.

L’objectif est de faire état du système d’assainissement non collectif. Autrement dit, le diagnostic assainissement permet de vérifier que votre filtre compact est conforme à la réglementation en vigueur. Dans le cas contraire, des travaux de réhabilitation doivent être effectués. Ce document vise également à protéger l’acheteur et le vendeur en rendant la transaction plus transparente.

Ce diagnostic est réalisé par le SPANC et doit dater de moins de trois ans au moment de la signature de l’acte de vente.

Si ce service émet un avis favorable après sa visite sur le terrain, vous avez donc deux options pour remettre aux normes votre dispositif.

Première solution : vous réalisez les travaux de réhabilitation

C’est la solution à recommander, car la remise aux normes de l’assainissement peut coûter plusieurs milliers d’euros. Cela impactera donc négativement sur le prix de vente de votre résidence. De plus, vous savez maintenant que vous avez droit à de nombreuses aides et subventions lorsque vous engagez des travaux de réfection de votre dispositif.

Deuxième solution : c’est l’acheteur qui se charge des travaux

Pour une raison ou une autre, vous pouvez aussi choisir de confier la remise aux normes de l’assainissement au futur propriétaire du bien. Dans ce cas, il importe de bien négocier le prix de vente de votre résidence avec l’acheteur. À noter que ce dernier doit mettre en conformité le dispositif dans un délai de un an après l’acte authentique de vente.

Bref, même si le diagnostic assainissement est incontournable, la loi ne vous oblige pas pour autant à réaliser vous-même la remise aux normes de votre filtre compact.

Conclusion

Le filtre compact est en effet la solution d’excellence pour assurer le traitement des eaux usées domestiques issus votre résidence secondaire, et ce, grâce à sa capacité à supporter les variations des charges. Fonctionnant de manière autonome, ce dispositif est très efficace en termes d’assainissement. Mais pour lui permettre de fonctionner correctement et d’atteindre une durée de vie maximale, il convient de le poser selon les règles de l’art et de bien l’entretenir.

Pour finir, rappelons que le filtre compact est une filière agréée et écologique. Il est donc éligible à plusieurs types d’aides qui permettent d’alléger votre budget.

Sans mauvais jeux de mots, cette filière d’assainissement est donc une solution à creuser !

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