Les développeurs et investisseurs indépendants français, spécialisés dans les projets de chaleur renouvelable, gagnent plus en dehors de l’Hexagone. Leurs affaires marchent plus, en effet, en Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas, etc.
Ce qui est le cas de Kyotherm qui, pendant les 12 derniers mois, a pu boucler de nouveaux projets de 45 MW, soit 50 % des 90 MW réalisés sur un scope de projets de moins de 50 millions d’euros, depuis 2011, année de sa création. Ses projets les plus récents se trouvent près de Leeds, en Angleterre, une future centrale géothermique de 20 MW et 9 MW issus de la biomasse, toujours en Angleterre.
Selon les explications du président de Kyotherm, Arnaud Susplugas, le gaz est à 14 €/MWh si les projets de chaleur renouvelables coûtent 60 €/MWh. Cet écart aurait pu être gérable dans l’Hexagone avec les aides à l’investissement du Fonds chaleur et une trajectoire de taxe carbone vers les 100 euros en 2030. Aujourd’hui, cependant, le complément de rémunération ou un tarif d’achat en soutien, non à l’investissement, mais à l’exploitation, constitue la seule solution.
Les règles communautaires européennes concernant les aides d’État compliquent également la situation, avec des subventions plafonnées entre 45 et 65 % des Capex, en fonction de la taille des projets. Le MWh calorique est aidé à hauteur de 15 euros à 20 euros. La différence avec le prix effondré du gaz est impossible à assumer par le marché, toujours selon Arnaud Susplugas. Ce qui revient à dire que le passage du Fonds chaleur de 200 à 300 millions d’euros est insuffisant.
La Grande-Bretagne ou les Pays-Bas subissent également le phénomène. Toutefois, ils le compensent. Chaque année, près de 1,11 milliard d’euros est consacré par Albion à son RHI (Renewable Heat Incentive). C’est-à-dire, un soutien à l’exploitation des EnR thermique à travers un tarif d’achat mis en place depuis 10 ans et administré par le régulateur pour l’énergie, Ofgem. Il faut comparer cette somme au montant du Fonds chaleur français. Les Pays-Bas ont récemment fait de même afin de soutenir les productions de chaleur non-fossiles à des niveaux équivalents à l’éolien ou au solaire pendant 15 à 20 ans, soit près de 50 €/MWh.
La chaleur décarbonée néerlandaise ou britannique tire profit d’un traitement ayant fait ses preuves pour les EnR électriques, selon un principe d’égalité qui est, en France, ignoré.