La filière des EnR (solaire, éolien, batteries électriques…) subira les conséquences du coronavirus. Le risque est d’autant plus fort que les gouvernements se tourent vers les énergies fossiles, qui connaissent une forte baisse au niveau du prix, en tourant le dos aux EnR. Ce qui a entraîné la revue à la baisse de toutes les prévisions.
En raison du coronavirus, les nouvelles installations de production solaire vont, cette année, baisser pour la 1re fois depuis 1980. Les prévisions pour l’année 2020 de BNEF (BloombergNEF) ont été, en effet, revues à la baisse dans son rapport. En matière d’énergie solaire, la demande mondiale est prévue de passer de 121-152 GW à 108-143 GW. Un risque considérable est également anticipé par BNEF pour l’éolien.
Les effets du coronavirus seront encore plus fort à partir de l’année 2021, selon les estimations du cabinet spécialisé Rystad, avec un ralentissement de 10 % des projets. À travers le monde, les devises chutent tandis que le dollar américain augmente. Les experts prévoient que ces mouvements constatés sur le marché des changes inciteront les entreprises à suspendre la sous-traitance quant aux principaux composants qui sont le plus souvent achetés en dollars américains. Parmi les pays qui avaient d’ambitieux objectifs d’installation de panneaux solaires et qui seront les plus touchés, on peut citer le Brésil, l’Afrique du Sud, le Mexique et l’Australie.
Quant aux nouvelles installations éoliennes, elles pourraient décliner de près de 5 GW, soit au niveau mondial, une baisse de 6,5 %, selon les estimations du cabinet Wood Mackenzie qui précise que l’impact le plus significatif se situe aux États-Unis et en Chine. Toutefois, l’Espagne, la France ainsi que l’Italie pourraient être encore plus fortement touchées à cause des mesures extrêmes de confinement, selon les prévisions du directeur de la recherche sur l’énergie éolienne, Dan Shreve.
Concernant les batteries, la demande se situerait entre 3 GWh à 9 GWh en moins sur les 74 GWh prévus. Pour soutenir la filière en France, des mesures viennent d’être annoncées : maintien des prix d’achat pour 3 mois, décalage des appels d’offres, délais additionnels. En termes de développement des EnR, la crise sanitaire traversée par l’Hexagone ne doit en aucun cas faire renoncer le pays à ses objectifs, selon la déclaration d’Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique.
De nombreuses associations dans l’Électrification Alliance ont, d’ailleurs, appelé les pouvoirs publics à diriger les investissements de relance vers les EnR, la mobilité électrique, la chaleur renouvelable ou l’efficacité énergétique.